Illustres tombes - Seine et Marne


Cathédrale de Meaux

BOSSUET (1627 – 1704)
Né en 1627, Jacques-Bénigne Bossuet est le fils d'un conseiller au parlement. Il fut un homme d’église, prédicateur et écrivain français.

Bossuet vint à 15 ans achever ses études à Paris, au collège de Navarre, où il eut pour maître Nicolas Cornet : il y étudia en profondeur la philosophie et la théologie. Pourtant destiné au sacerdoce, il fréquenta pour quelque temps les mondains : Corneille ne lui déplaisait pas, il s'adonnait à l'écriture de vers précieux et ne dénigrait pas l'Hôtel de Rambouillet.

Après des études chez les jésuites, Bossuet est ordonné prêtre et devient chanoine de Metz. Très pieux, il se consacre à son sacerdoce. Il prononce ses premiers sermons, mais il a encore une manière un peu ampoulée. En 1659, il s'installe à Paris et commence à connaître le succès comme prédicateur. Influencé par saint Vincent de Paul, il épure son style. Il prend la parole devant la Cour et devient évêque en 1669. En 1670, il est nommé précepteur du fils de Louis XIV, le Grand Dauphin. En 1671, il entre à l'Académie française.

En 1681, Bossuet devient évêque de Meaux (on l'appelle parfois "l'Aigle de Meaux"). Durant toute sa carrière, il s'est montré un redoutable polémiste : contre les protestants, contre les jésuites en défendant l'Eglise de France contre l'autorité excessive du Pape, contre les "quiétistes" comme Fénelon. Il meurt à Paris le 12 avril 1704 de la maladie de la pierre.

Son immense œuvre comprend des sermons, des oraisons funèbres, des panégyriques, des discours sur l’Histoire et des ouvrages polémiques. Bossuet teste l’un des plus grands prédicateurs français.


Cimetière Militaire de Villeroy - Chauconin-Neufmontiers

PEGUY Charles (1873 – 1914)
Le cimetière militaire de la Grande Tombe ne ressemble à aucun autre : il ne s’agit pas d’un alignement de tombes, comme ceux que l’on peut trouver dans la Meuse, mais d’un minuscule enclos propret au bord de la route. La petite porte poussée, et on se retrouve devant un ossuaire contenant les restes de 133 soldats tombés à cet endroit lors d’une contre-offensive de septembre 1914, c’est-à-dire au tout début de la guerre. Parmi eux repose leur lieutenant, Charles Péguy (1873-1914), le créateur des Cahiers de la Quinzaine, le poète qui chanta Jeanne d’Arc et la Meuse...Un peu plus loin, un monument et un calvaire indiquent l’endroit précis où Péguy tomba.

" Normalien, écrivain, pamphlétaire, il a été une des plus parfaites expressions de l’âme populaire française " : ainsi Jérôme et Jean Tharaud définissent Péguy dans la biographie qu’ils lui consacrent.

Charles Péguy est né en 1873. Profondément mystique, il revient à la foi catholique en 1908 et fait plusieurs pèlerinages à Notre-Dame de Chartres. Sa prose ample, ses vers redondants ont un mouvement épique et prophétique.

Après son baccalauréat, demi-boursier d'État, Péguy prépare ensuite le concours d'entrée à l'École normale supérieure au lycée Lakanal à Sceaux, puis à Sainte-Barbe. Il fréquente encore la chapelle du lycée Lakanal en 1891-1892. D'après son condisciple Albert Mathiez, c'est peu à la fin de cette période qu'il devient " un anticlérical convaincu et pratiquant". Il intègre l'École normale supérieure de Paris le 31 juillet 1894. Entre temps, de septembre 1892 à septembre 1893, il fait son service militaire au 131e régiment d'infanterie.

À Normale sup', il est l'élève de Romain Rolland et de Bergson, qui ont une influence considérable sur lui. Il y affine également ses convictions socialistes, qu'il affirme dès sa première année à l'École.

Reçu à l’École normale supérieure en 1894, il abandonne les études universitaires pour se consacrer à la défense des idées socialistes, crée une librairie, lutte énergiquement pour la révision de l’Affaire Dreyfus, et fonde en 1900 Les Cahiers de la Quinzaine (8 rue de la Sorbonne) où il a publié ses principaux ouvrages et fait connaître maints écrivains de valeur. Socialiste mystique, il rompt avec Jaurès et les politiciens, réfutant le marxisme et fustigeant le "parti intellectuel", et écoute de plus en plus les voix du patriotisme et de la foi. Son retour au catholicisme a lieu entre 1907 et 1908.

Après avoir habité Saint-Clair (Gometz-le-Châtel) près d’Orsay, entre 1901 et 1908 Péguy et sa famille ont séjourné à Orsay, rue des Sablons. En janvier 1908, ils emménagent dans la Maison des pins à Lozère (Palaiseau ; 12 rue Péguy aujourd’hui), avec sa femme Charlotte et leurs trois enfants.

Il part à deux reprises à pieds en pèlerinage à Chartres, en 1912 et 1913. Pourtant, il ne devient pas catholique pratiquant. En effet, Charles Péguy n'aurait jamais communié adulte et n'aurait reçu les sacrements qu'un mois avant sa mort, le 15 août 1914, à Loupmont, alors qu'il était sous l'uniforme ; la cause probable est sa situation de divorcé.

En août 1913, pour se rapprocher de Paris et du collège Sainte-Barbe où va entrer Marcel, la famille emménage 7 rue André Theuriet à Bourg-la-Reine, dans une maison que Léon Bloy habitera quelques mois plus tard.

Les ballades dans la forêt de Verrières remplacent celles du plateau de Saclay. Un an plus tard, le poète militant, en partance pour le front, installe femme et enfants chez la mère de Jacques Maritain, au 4ème étage du 149 rue de Rennes à Paris. Lieutenant de réserve, il part en campagne dès la mobilisation, dans la 19e compagnie du 276e régiment d'infanterie. Il meurt au combat la veille de la bataille de la Marne, tué d'une balle au front, le 5 septembre 1914 à Villeroy, près de Neufmontiers-lès-Meaux, alors qu'il exhortait sa compagnie à ne pas céder un pouce de terre française à l'ennemi.

Dans son œuvre, les pamphlets alternent avec les méditations religieuses. Citons : Jeanne d’Arc, drame en trois pièces : Domremy, Les Batailles, Rouen (1897), sous le pseudonyme de Pierre Baudoin et avec la collaboration de son ami Marcel Baudoin; Notre Patrie (1905); Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc (1910); Victor-Marie, comte Hugo (1911); L’Argent (1912); Le Porche de la deuxième vertu (1912); Le Mystère des saints Innocents (1912); La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc (1913); La Tapisserie de Notre-Dame (1913).

L’influence de son maître Bergson y est visible. Son style est très curieux : encombré de parenthèses et d’incessantes répétitions, comme si l’écrivain ne trouvait jamais l’expression définitive, il est souvent, surtout dans la polémique, dru, vigoureux, pittoresque. Sa vie, évoquée par Jérôme et Jean Tharaud dans Notre Cher Péguy (1926), n’est pas moins attachante que son œuvre : il y apparaît comme un homme du Moyen-Âge.

Pour Péguy, la République est monarchique, le nationalisme est philo-judaïque — pour lui la " race française " relève d'une correspondance entre un peuple et une terre irriguée par des siècles de christianisme — et le christianisme est païen, au sens de paganus, (paysan).

Pour lui, la France était incontestablement le premier pays du monde; aucune culture ne pouvant être comparée à la sienne; aucun autre langage vivant que le sien ne valait la peine d’être parlé. Le voyage le plus lointain qu’il fit fut Orange, où il alla entendre Œdipe roi sur les marches de théâtre antique. " Ensuite il ne dépassa guère l’horizon de la Beauce ". Comme le bon peuple de France à travers les siècles, comme le bon peuple d’Orléans, il entretenait vivante en lui l’image de Jeanne d’Arc. Il l’aimait, il la chérissait avec l’émotion d’un Villon et la familiarité d’un contemporain pour une payse.

L'œuvre de Péguy a toujours célébré les valeurs traditionnelles de l'homme : son humble travail, sa terre, sa famille. Ce sont là les premières valeurs défendues par le patriotisme. Or c'est précisément là, pour lui, que se rencontre d'abord Dieu. C'est à ce titre que Péguy peut apparaître comme un théologien, chantre des valeurs de base. 



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